26 mai 2011, 18 h 01
Jusqu’à présent, le code forestier brésilien de 1965 limitait l’usage agricole des terres en obligeant les propriétaires de forêts à en préserver une partie intacte, jusqu’à 80% en Amazonie. Il protégeait également des zones sensibles comme les rives des fleuves, les sommets et les coteaux des collines.
Mais à l’heure où vous lisez ces quelques lignes, le gouvernement brésilien s’apprête à faire voter une réforme du code forestier élaboré par Aldo Rebelo, fervent défenseur du lobby agricole. Mauvaise nouvelle pour l’environnement, cette réforme propose une amnistie pour les déforestations antérieures à 2008 et revoit les zones de protection légale à la baisse.
En clair, le gouvernement brésilien se prépare à faire voter une loi qui privilégie les intérêts des agriculteurs, au détriment de ceux du reste de la population, A l’issue de deux ans de discussions opposant écologistes au puissant lobby agricole avide d’étendre les champs de culture et d’élevage, le nouveau code forestier a été approuvé par 410 voix contre 63 et dix abstentions au sein de la Chambre des députés.
Le projet de loi devra maintenant être approuvé par le Sénat. Reste à espérer un sursaut de lucidité de la part des élus et pour ce faire, nous nous permettrons de leur rappeler quelques chiffres :
Hors Amazonie (qui a perdu plus de 30% de sa surface boisée en trente ans, près de deux millions de kilomètres carrés), le Brésil n’a de couverture forestière que sur 4% de son territoire.
Plus de deux millions de kilomètres carrés de forêt Atlantique sont déjà partis en fumée, soit près de quatre fois la surface de la France.
Enfin, les amnisties des crimes environnementaux accordées par le gouvernement Lula en 2009 équivalent à 4 milliards de dollars, soit la somme que le Brésil a réclamé au Fonds International pour l’Environnement, principalement abondé par la Norvège, la même année.
En attendant que ces messieurs statuent sur la question, profitant de ce flottement juridique, la déforestation a atteint un niveau record au cours du mois d’avril dernier : 593 km2 ont été déboisés, ce qui représente, selon les chiffres officiels, une surface six fois plus grande que lors de la même période en 2010…
Auteur : Organisation mondiale de protection de la nature